Ainsi le président jupitérien a-t-il mis en place ses affidés pour qu'ils tiennent le rôle qu'il leur a attribué : les députés LREM font exactement ce qu'on attend d'eux, ils obéissent au doigt et à l'oeil, élisant sans souciller Richard Ferrand, modèle pour la moralisation de la vie publique, président de leur groupe par 306 voix sur 308 (on n'ose pas penser que les 2 voix qui manquent seraient celles de "frondeurs", il devait s'agir d'un moment de somnolence ou de bras dans le plâtre). Ils prodiguent consciencieusement leurs applaudissements à tout intervenant issu de la majorité, même parfois hors de propos, en bons petits soldats conscients de ce qu'ils doivent au patron. Cependant, certains d'entre eux ont compris qu'ils ne servaient pas à grand chose et qu'ils pouvaient se dispenser de présence dans cette chambre d'enregistrement qu'est devenue la Chambre des Députés, les images des séances de lundi et mardi sont éloquentes, montrant un hémicycle très clairsemé...

Et pourtant, l'enjeu de ces séances est de taille puisque l'on est censé y débattre (mais après le rejet systématique de tous les amendements cela va vite) du "Projet de loi d'habilitation pour prendre par ordonnances des mesures pour le renforcement du dialogue social" car c'est, sans rire, le titre ronflant et assez cocasse de ce projet de loi devant aboutir à la casse du code du travail, nouvelle conception du dialogue social concoctée par le Medef!

Jupiter quant à lui soigne son image et affirme ses options politiques, économiques et sociales. Du haut de son Olympe, il refuse de livrer sa "pensée trop complexe" aux journalistes et manifeste de nouveau son irrépressible mépris de classe en affirmant "une gare, c'est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien"... On reconnaît bien là celui qui en 2014 qualifiait les femmes salariées de Gad "d'illettrées" et conseillait aux syndicalistes en lutte contre la loi El Khomri en 2016 : "la meilleure façon de se payer un costard c'est de travailler"... Impossible de dire aujourd'hui qu'on ignorait dans quel camp il se trouvait, ni gauche... ni gauche...!

Les salariés de MIM sont parmi les premières victimes d'une politique appelée à en faire beaucoup d'autres. Une partie des salariés de cette chaîne placée en liquidation  judiciaire avait déposé un projet de SCOP pour reprendre la marque et maintenir en activité 110 magasins sur 145, sauvant ainsi l'emploi de 500 salariés. Le précédent gouvernement avait envisagé un prêt de 10 millions d'euros qui rendait le projet réalisable.

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Mais Bruno Le Maire a ruiné ces espoirs en refusant le prêt nécessaire, conséquence: près de 800 salariés sur le carreau! A qui le tour maintenant? Plusieurs entreprises sont actuellement en grande difficulté, la leçon de MIM est qu'il n'y a rien à attendre de ce gouvernement sans une très forte mobilisation de tous ceux qui refusent cette casse sociale dans un des pays les plus riches de la planète... Il est toujours difficile de mobiliser en été, les casseurs sociaux le savent mais gageons qu'ils ne perdent rien pour attendre!

Mireille Ausécache